1932 à Nice
"J 'arrive de Paris, avec la certitude
de tout casser et de devenir un sérieux rival d'Auvergne.
Dès mon arrivée je m'inscris à l'Antibes Olympique
: et commence un entraînement assidu sous la direction de Braconnet.
Mais je suis bien vite déçu par le manque de réunions,
d 'athlètes, de listes etc ...Pas une fois je n'ai été
engagé dans les rares épreuves ; et l'année se passe
sans que j'aie pris part à une compétition. D'ailleurs,
c'est la dernière année de l'Antibes Olympique qui se dissout.
Ne voyant aucun club intéressant, je signe à l'Union Sportive
Italienne, dont je suis le seul et unique athlète. J'ai cependant
l'espoir de faire quelque chose, mais je déchante bientôt
devant la force d 'inertie qui est opposée au Consulat où
on ne parle que de football ...
D'ailleurs, pendant l'année 1933
je ne participe à aucune réunion,
car je viens de me marier, et ensuite une maladie m'empêche de faire
quoi que ce soit. C'est ainsi ma deuxième année sur la Côte
d'Azur qui se passe sans que je fasse quoi que ce soit et le moral en
est atteint. D'ailleurs, je n'ai aucun camarade dans le sport avec lequel
je puisse me confier où m'entraîner, attendons l'année
suivante.
1934
Dès le début de la saison, courant
avril, je vois que le Stade Niçois, pendant la réunion d'attente
de la course de fond Monaco-Nice, organise quelques épreuves sur
l'esplanade du Paillon, entr'autres un 100 m. Sans aucun entraînement,
je décide de prendre part à cette course. Dès la
série, je me rends compte de mon manque de vitesse, de fond et
d'entraînement je finis cependant 2ème derrière Naoumoff
mais les juges me refusent le départ de la finale en prétendant
m'avoir vu 3ème et après m'avoir déclaré 2ème
à l'arrivée. Je m'incline et ce n'est pas la première
fois que j'aurai à me plaindre du manque de sportivité des
dirigeants. Piqué par cette défaite inattendue, je commence
à m'entraîner régulièrement, pour arriver en
forme et c'est ainsi que je participe à une réunion organisée
par l'I.F.C. au stade de St Augustin. Je me qualifie très nettement
2ème en série, qui me donnait droit à la finale.
Les juges prennent mon nom, et à l'appel de la finale, je me présente
pour prendre le départ, et à ma très grande surprise,
ce dernier m 'est refusé sous prétexte que je n'avais pas
retiré mon dossard ... Cela se passe de tout commentaire... Je
continue néanmoins ma préparation et le dimanche suivant,
je prends part à une autre manifestation, en prenant toutes mes
précautions. Sur 100 yards, je gagne facilement ma série
et en finale dès le départ je prends la tête aux 70
m je suis nettement 1er et je produis mon effort final, c'est à
ce moment précis que, sans doute à cause du mauvais état
de la piste, je me claque d'une façon certaine. C'en est fini pour
cette saison: pas de veine.
1935
Avec l'expérience des années précédentes,
et bien dégoûté, je ne commence à m'entraîner
que début juin. Cependant je me dégonfle et je ne participe
à aucune réunion qui d'ailleurs se font de plus en plus
rares. Mes entraînements ont lieu à un petit stade fort éloigné,
le vallon de l'Oli, à 6 km de Nice où je fais connaissance
d'un excellent camarade Dubost spécialiste
du 400 m qui est aussi dégoûté que moi de la situation
de l'athlétisme sur la Côte d'Azur. Nous devenons bientôt
de bons camarades et c'est ainsi que je décide de participer à
une réunion organisée par l'A.S.C. à Cannes avec
les meilleurs athlètes de la Côte d'Azur et du littoral sur
800 m. J'ai une série très dure, le meilleur toulonnais
et Koukous, champion de la Côte
d'Azur sur 200 m. Je prends un bon départ et au 50 m je suis en
tête, mais est-ce la peur d 'être remonté ou je ne
sais quoi, je me relève... et je suis donc éliminé.
Je suis furieux contre moi-même, mais c'est trop tard. J'ai bien
vu que le manque de compétitions était la cause principale
de ce trac, et je décide de prendre part à la première
épreuve qui aurait lieu, mais c'est en vain car c'est la dernière
épreuve organisée sur la Côte d'Azur... à peine
au début août...
Avec mon camarade qui est aussi découragé que moi nous avons
entre temps décidé de signer à Cannes qui sous l'impulsion
de l'excellent Padovani est le seul club
intéressant sur la Côte d'Azur. Or, au courant d'une conversation
avec Dubost, nous venons à parler
de la possiblité de former un club d'amis de l 'athlétisme
qui sont découragés de la carence des dirigeants, nous réunissons
quelques camarades qui trouvent excellente cette idée. Un dimanche
début de septembre nous nous réunissons à la plage
Nicéa : Dubost, J. Paul, Koukous, Médecin
etc... Après discussion et ayant décidé de
former notre club avec une majorité de jeunes scolaires non licenciés
comme noyau principal nous décidons de nommer cette réunion
le « Nice Université Club ».
Le nom est adopté et le premier procès-verbal en fait foi
ainsi que des noms des membres fondateurs. Le moral perdu depuis quatre
ans revient... et nous décidons de faire des cours de culture physique
préparatoire pendant l'hiver. Nous assistons toujours nombreux
aux réunions de la ligue. Au cours d'une réunion, M.
Angeli international et professeur au lycée de Monaco propose
de donner des cours de « Préparation Olympique ». Dès
le premier dimanche, sur 16 athlètes présents, 14 font partie
du N.U.C. Le dimanche suivant, nous sommes 18, et seuls participants au
cours du professeur Angeli - qui sont boycottés par les autres
clubs -et c'est ainsi que voyant notre effort, ce dernier nous demande
de signer chez nous. Bien entendu nous ne le faisons pas dire deux fois,
et c'est ainsi que nous acquérons le meilleur athlète actuel
sur la Côte d'Azur, le meilleur professeur, le seul dont les diplômes,
les titres incontestables en font un moniteur que nous envieraient les
clubs les plus importants, et qui par son entrée chez nous marque
le point de départ de nos succès, succès moraux avant
que sportifs.
Sous sa direction, les entraînements qui ont lieu le dimanche matin
au Roland Garros les adeptes arrivent nombreux, et notre société
compte bientôt plus de 40 membres qui se préparent à
bien remplir la saison à venir qui s'annonce bien pourvue ; hélas
depuis ma venue à Nice, 4 ans ont passés et nous voici dans
la saison.
1936
Bien préparés par
Angeli, nous abordons la 1ère période des épreuves.
La première se passe à Antibes sur le stade du Fort Carré.
Ce dernier mal entretenu : piste dure, non tracée, avec une organisation
déplorable. En série, on nous place trois du même
club à cause du manque de concurrents. Comme il y a 2 qualifiés
et que Koukous est dans ma série,
je suis certain de me trouver en finale.
En finale, nous sommes : Koukous, Naoumoff, Toretta
et moi. Naoumoff ne prend pas le départ
et Koukous me prévient de surveiller
Toretta de l'I.F.C. car il ne croit pas finir
la course. Dès le coup de pistolet, nous sommes en action et je
pousse 60 m aux cours desquels je m'assure un très net avantage
sur Toretta regardant vers Koukous
; je vois qu'il a près d'un mètre d'avance sur moi, je produis
un nouvel effort et nous arrivons ensemble sur le fil. Je fais 2ème
. Je suis content de ma première course. (31 mai 1936 )
Le dimanche suivant 7 juin,
réunion à Cannes. A.S. Cannes.
Très bien organisée par l'ami Pavo.
Je compte bien gagner. En série, je gagne facilement sans pousser
en 9 2/5 mais ma jambe me fait mal depuis le jour d'Antibes. En finale,
le starter, après un faux départ, laisse partir Godfroy
sans le rappeler, j'ai ainsi 4 bons mètres de retard. Je pousse
à fond et je réussis à remonter,et nous coupons le
fil ensemble, mais les juges me voient 2ème . Enfin, j'ai moralement
gagné et Godfroy est de chez nous,
alors tout va bien.
Dubost, après une belle lutte avec Padovani
enlève le 400 m plat dans le temps excellent de 53 3/5 sur une
piste toute en virages.
Au courant de la saison 1936, nous organisons encore une réunion
à Antibes qui a eu un bon succès. Je gagne facilement, n'ayant
pas d'adversaires de valeur.
Courant août, réunion
organisée par l'I.F.C. « Les championnats de Nice ».
Le N.U.C. présente une équipe réduite :
Dubost-Sérié-Burattini-Mattaglia-Arduini-Laredo,
malgré cela nous enlevons le 100 et le 200 par moi, le 400 et le
800 par Dubost, le disque, le 4×100 et le 4×400 et le challenge.
Cette réunion fut très dure à cause de la chaleur
et du nombre trop réduit des athlètes du N.U.C.
Dès le 25 Septembre,
la piste du XVème Corps est terminée et nous avons l'honneur
de l'inaugurer avec l'organisation du Petit Marseillais.
Il y a en finale du 100m : Koukous, moi !
, un cannois Marty, en réalité
Markowski un excellent athlète parisien
; je me trouve assez mal et suis régulièrement battu par
2 m en 11 2/5 . Le soir au cours du relais 4×3×2×1,
je suis en meileure forme et je maintiens le coude à coude pendant
toute la course et Makowski ne me prend qu'une poitrine.
Le 4 octobre, nous organisons la réunion de clôture de saison.
Cette fois je prends ma revanche et gagne sur 100 m en 11 2/5.
A l 'année prochaine!
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