ATHLETISME SUR LA COTE D'AZUR           
Athlétisme à Nice années 40

Cahier-journal d'Albert Arduini
1932 ... 1936


1932 à Nice


"J 'arrive de Paris, avec la certitude de tout casser et de devenir un sérieux rival d'Auvergne.
Dès mon arrivée je m'inscris à l'Antibes Olympique : et commence un entraînement assidu sous la direction de Braconnet. Mais je suis bien vite déçu par le manque de réunions, d 'athlètes, de listes etc ...Pas une fois je n'ai été engagé dans les rares épreuves ; et l'année se passe sans que j'aie pris part à une compétition. D'ailleurs, c'est la dernière année de l'Antibes Olympique qui se dissout.
Ne voyant aucun club intéressant, je signe à l'Union Sportive Italienne, dont je suis le seul et unique athlète. J'ai cependant l'espoir de faire quelque chose, mais je déchante bientôt devant la force d 'inertie qui est opposée au Consulat où on ne parle que de football ...

D'ailleurs, pendant l'année 1933 je ne participe à aucune réunion, car je viens de me marier, et ensuite une maladie m'empêche de faire quoi que ce soit. C'est ainsi ma deuxième année sur la Côte d'Azur qui se passe sans que je fasse quoi que ce soit et le moral en est atteint. D'ailleurs, je n'ai aucun camarade dans le sport avec lequel je puisse me confier où m'entraîner, attendons l'année suivante.

1934


Dès le début de la saison, courant avril, je vois que le Stade Niçois, pendant la réunion d'attente de la course de fond Monaco-Nice, organise quelques épreuves sur l'esplanade du Paillon, entr'autres un 100 m. Sans aucun entraînement, je décide de prendre part à cette course. Dès la série, je me rends compte de mon manque de vitesse, de fond et d'entraînement je finis cependant 2ème derrière Naoumoff mais les juges me refusent le départ de la finale en prétendant m'avoir vu 3ème et après m'avoir déclaré 2ème à l'arrivée. Je m'incline et ce n'est pas la première fois que j'aurai à me plaindre du manque de sportivité des dirigeants. Piqué par cette défaite inattendue, je commence à m'entraîner régulièrement, pour arriver en forme et c'est ainsi que je participe à une réunion organisée par l'I.F.C. au stade de St Augustin. Je me qualifie très nettement 2ème en série, qui me donnait droit à la finale. Les juges prennent mon nom, et à l'appel de la finale, je me présente pour prendre le départ, et à ma très grande surprise, ce dernier m 'est refusé sous prétexte que je n'avais pas retiré mon dossard ... Cela se passe de tout commentaire... Je continue néanmoins ma préparation et le dimanche suivant, je prends part à une autre manifestation, en prenant toutes mes précautions. Sur 100 yards, je gagne facilement ma série et en finale dès le départ je prends la tête aux 70 m je suis nettement 1er et je produis mon effort final, c'est à ce moment précis que, sans doute à cause du mauvais état de la piste, je me claque d'une façon certaine. C'en est fini pour cette saison: pas de veine.

1935


Avec l'expérience des années précédentes, et bien dégoûté, je ne commence à m'entraîner que début juin. Cependant je me dégonfle et je ne participe à aucune réunion qui d'ailleurs se font de plus en plus rares. Mes entraînements ont lieu à un petit stade fort éloigné, le vallon de l'Oli, à 6 km de Nice où je fais connaissance d'un excellent camarade Dubost spécialiste du 400 m qui est aussi dégoûté que moi de la situation de l'athlétisme sur la Côte d'Azur. Nous devenons bientôt de bons camarades et c'est ainsi que je décide de participer à une réunion organisée par l'A.S.C. à Cannes avec les meilleurs athlètes de la Côte d'Azur et du littoral sur 800 m. J'ai une série très dure, le meilleur toulonnais et Koukous, champion de la Côte d'Azur sur 200 m. Je prends un bon départ et au 50 m je suis en tête, mais est-ce la peur d 'être remonté ou je ne sais quoi, je me relève... et je suis donc éliminé. Je suis furieux contre moi-même, mais c'est trop tard. J'ai bien vu que le manque de compétitions était la cause principale de ce trac, et je décide de prendre part à la première épreuve qui aurait lieu, mais c'est en vain car c'est la dernière épreuve organisée sur la Côte d'Azur... à peine au début août...
Avec mon camarade qui est aussi découragé que moi nous avons entre temps décidé de signer à Cannes qui sous l'impulsion de l'excellent Padovani est le seul club intéressant sur la Côte d'Azur. Or, au courant d'une conversation avec Dubost, nous venons à parler de la possiblité de former un club d'amis de l 'athlétisme qui sont découragés de la carence des dirigeants, nous réunissons quelques camarades qui trouvent excellente cette idée. Un dimanche début de septembre nous nous réunissons à la plage Nicéa : Dubost, J. Paul, Koukous, Médecin etc... Après discussion et ayant décidé de former notre club avec une majorité de jeunes scolaires non licenciés comme noyau principal nous décidons de nommer cette réunion le « Nice Université Club ». Le nom est adopté et le premier procès-verbal en fait foi ainsi que des noms des membres fondateurs. Le moral perdu depuis quatre ans revient... et nous décidons de faire des cours de culture physique préparatoire pendant l'hiver. Nous assistons toujours nombreux aux réunions de la ligue. Au cours d'une réunion, M. Angeli international et professeur au lycée de Monaco propose de donner des cours de « Préparation Olympique ». Dès le premier dimanche, sur 16 athlètes présents, 14 font partie du N.U.C. Le dimanche suivant, nous sommes 18, et seuls participants au cours du professeur Angeli - qui sont boycottés par les autres clubs -et c'est ainsi que voyant notre effort, ce dernier nous demande de signer chez nous. Bien entendu nous ne le faisons pas dire deux fois, et c'est ainsi que nous acquérons le meilleur athlète actuel sur la Côte d'Azur, le meilleur professeur, le seul dont les diplômes, les titres incontestables en font un moniteur que nous envieraient les clubs les plus importants, et qui par son entrée chez nous marque le point de départ de nos succès, succès moraux avant que sportifs.
Sous sa direction, les entraînements qui ont lieu le dimanche matin au Roland Garros les adeptes arrivent nombreux, et notre société compte bientôt plus de 40 membres qui se préparent à bien remplir la saison à venir qui s'annonce bien pourvue ; hélas depuis ma venue à Nice, 4 ans ont passés et nous voici dans la saison.

1936


Bien préparés par Angeli, nous abordons la 1ère période des épreuves.
La première se passe à Antibes sur le stade du Fort Carré. Ce dernier mal entretenu : piste dure, non tracée, avec une organisation déplorable. En série, on nous place trois du même club à cause du manque de concurrents. Comme il y a 2 qualifiés et que Koukous est dans ma série, je suis certain de me trouver en finale.
En finale, nous sommes : Koukous, Naoumoff, Toretta et moi. Naoumoff ne prend pas le départ et Koukous me prévient de surveiller Toretta de l'I.F.C. car il ne croit pas finir la course. Dès le coup de pistolet, nous sommes en action et je pousse 60 m aux cours desquels je m'assure un très net avantage sur Toretta regardant vers Koukous ; je vois qu'il a près d'un mètre d'avance sur moi, je produis un nouvel effort et nous arrivons ensemble sur le fil. Je fais 2ème . Je suis content de ma première course. (31 mai 1936 )

Le dimanche suivant 7 juin, réunion à Cannes. A.S. Cannes.
Très bien organisée par l'ami Pavo. Je compte bien gagner. En série, je gagne facilement sans pousser en 9 2/5 mais ma jambe me fait mal depuis le jour d'Antibes. En finale, le starter, après un faux départ, laisse partir Godfroy sans le rappeler, j'ai ainsi 4 bons mètres de retard. Je pousse à fond et je réussis à remonter,et nous coupons le fil ensemble, mais les juges me voient 2ème . Enfin, j'ai moralement gagné et Godfroy est de chez nous, alors tout va bien.
Dubost, après une belle lutte avec Padovani enlève le 400 m plat dans le temps excellent de 53 3/5 sur une piste toute en virages.
Au courant de la saison 1936, nous organisons encore une réunion à Antibes qui a eu un bon succès. Je gagne facilement, n'ayant pas d'adversaires de valeur.

Courant août, réunion organisée par l'I.F.C. « Les championnats de Nice ». Le N.U.C. présente une équipe réduite : Dubost-Sérié-Burattini-Mattaglia-Arduini-Laredo, malgré cela nous enlevons le 100 et le 200 par moi, le 400 et le 800 par Dubost, le disque, le 4×100 et le 4×400 et le challenge. Cette réunion fut très dure à cause de la chaleur et du nombre trop réduit des athlètes du N.U.C.

Dès le 25 Septembre, la piste du XVème Corps est terminée et nous avons l'honneur de l'inaugurer avec l'organisation du Petit Marseillais.
Il y a en finale du 100m : Koukous, moi ! , un cannois Marty, en réalité Markowski un excellent athlète parisien ; je me trouve assez mal et suis régulièrement battu par 2 m en 11 2/5 . Le soir au cours du relais 4×3×2×1, je suis en meileure forme et je maintiens le coude à coude pendant toute la course et Makowski ne me prend qu'une poitrine.
Le 4 octobre, nous organisons la réunion de clôture de saison. Cette fois je prends ma revanche et gagne sur 100 m en 11 2/5.


A l 'année prochaine!

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journal d'Arduini
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Saut à la perche de Gendre 1935

 

Angeli  lance le poids

 

 

Vallon de l'Oli à Nice

 

 

Athlètes à Nice 1940

 

 

 

 

 

Arduini et autres athlètes

 

 

Saut à la perche de Penzini en 1934