DEUXIEME GUERRE MONDIALE

Récits de combats de " Pinceau " avec le Capitaine Accart .
Accart

Accart

Passages concernant le pilote PENZINI - dit Pinceau -
dans « Chasseurs du ciel  » du Capitaine Accart . ARTHAUD en 1946.

  Penzini Dominique
 
 "Pinceau"

Avion Curtiss H 75- P36- n°20, n° empannage 135 de Penzini.

Curtiss H 75 de Penzini

(Cliquer pour agrandir)                                                                                                                              Création image H.Penzini©  (Archives Warnier)

( Page 53) 26 septembre 39/ de retour de mission
Mes deux équipiers, le Sous-lieutenant Brian et le Sergent/chef Morel, me suivaient impeccablement dans les évolutions les plus inattendues et les plus brusques. A cinq cent mètres au-dessus, l'Adjudant- Chef Bouvard et le Sergent/chef Penzini réglaient leur marche sur la mienne.

( Pages 56, 57 ) 26 septembre 39.
Quant à Bouvard et Penzini, attaqués par deux autres chasseurs qui avaient surgi de sept mille mètres, ils ont fait face, mais n'ont pas pu rejoindre leurs assaillants...
Mais un appel me tire brusquement de ces pensées : « Allo ! Ici Pinceau ! Je n'ai plus que vingt litres d'essence. J'attends vos ordres ». Vingt litres ! Trop juste pour atteindre le terrain. Il risque d'avoir l'arrêt brusque quelques kilomètres avant d'y arriver et d'être obligé de se poser en catastrophe dans un champ.
Comble de malchance il ne m'entend pas, car il m'interrompt pendant que je lui parle, preuve que son poste récepteur de radio a flanché. Nous survolons maintenant la fotêt de l 'Argonne.  «  Allo! Ici Pinceau ! Mon jaugeur est à zéro  » 
Un seul espoir : nous sommes encore à trois mille mètres ; s'il a la panne, il pourra atteindre Suippes en vol plané. Une minute, deux minutes ! Nous approchons et je vois en effet un de mes Curtiss se détacher de nous pour atterrir bientôt magistralement et venir s'arrêter devant notre soute à essence autour de laquelle nous sommes bientôt rassemblés. Premier combat. Une petite déception de ne pas avoir pu abattre l'adversaire, déception tempérée par l'estime que nous ne pouvons nous empêcher de lui accorder pour la magnifique décision et la maîtrise dont nous gardons une vision étincelante qui satisfait le connaisseur.
« Je lui aurais volontiers serré la main . »

(Page 87) 5 mai 1940
Penzini, «  Pinceau » en vol, à la fois troisième sauteur à la perche de France et bricoleur dangereux pour les montres, réveils et postes de T.S.F., nous a quittés, en janvier pour aller suivre des cours d 'E.O.R., mais nous l'avons vu revenir au bout de quinze jours, la nostalgie ayant été trop forte .

(page 125) 12 mai 1940
La matinée a mal commencé. Penzini vient de rentrer, seul indemne de sa patrouille. En attaquant une section de trois Dornier, l 'adjudant/chef Bouvard a reçu une balle qui lui a traversé la mâchoire, lui ouvrant la joue. Malgré la douleur sous laquelle il a cru défaillir, il a ramené son Curtiss qu'il a eu la force de conduire jusqu'au poste de secours souterrain installé en bordure de la piste par le Médecin du groupe. Après pansement, il a été transporté à l'hôpital de Châlon-sur-Marne. !
Quant à Muselli, moteur en panne, des balles ayant coupé une tuyauterie d'huile, il a fait un atterrissage forcé dans un pré à Stennay, sur une petite pente qui l'a freiné si brutalement que la face a porté sur le viseur. Il s'en tire avec des contusions superficielles et le nez endommagé.

( Pages 128 , 129, 130). 12 mai 40.
Je( Accart) vois trop mal pour continuer la mission, que cinq avions au lieu de six, assureront ; je donne le commandement à Marin et décide de retourner au terrain me faire soigner.
... Pendant que je prenais paisiblement le chemin du retour, une bataille invraisemblable allait se dérouler entre Sedan et Bouillon. Morel et P. avaient à peine rejoint la patrouille de Marin qu'une vingtaine de Junker 87 de bombardement en piqué se présentaient sur la forêt des Ardennes.
(Marin) voit surgir un nouveau peloton de Junker. Il ne leur laisse pas le temps d 'attaquer nos lignes et tombe sur eux suivi de ses quatre équipiers qui attaquent sans trêve, jetant le désordre et semant la mort. Devant cette furie, les Junker qui n'ont pas été descendus disparaissent pendant que plusieurs carcasses brûlent au sol. Douze Allemands au moins ont été mis hors de combat en un quart d'heure, sans perte pour nous .

( Il faut savoir que Penzini avec son groupe obtient trois victoires le 12 mai 40 : Sedan-Bouillon, Sainte Cécile et Pourru- St- Remy sur Junker 87 )

(Pages 166, 167, 168) 26 mai

... nuages accueillants pour les trois Heinkel 111 .
La pensée de ces neuf Curtiss convergeant à plus de quatre cent cinquante kilomètres à l'heure dans un demi brouillard me fait frémir à l'idée des collisions possibles, mais tous ont l'oeil et avant qu'il ait pu se réfugier dans « la crasse », l'équipier gauche est touché et va se poser dans nos lignes à Tannay .
J'ai la joie de voir la patrouille de Vuillemain surgir plein gaz sur l'arrière du bombardier ! un moteur arrêté et l'autre au ralenti et fumant, le train sorti, notre Heinkel n'ira pas très loin et j'attends qu'il se pose, ce qui ne tarde guère. Mes trois jeunes, déchaînés par cette deuxième victoire, tournent autour du bimoteur qui s'est affalé dans un pré aux environs de Châtillon-sur-Bar, dans la vallée !

( Penzini a deux victoires comptabilisées, le 26 mai, à Châtillon-sur-Bar et à Tannay sur Heinkel 111 ).


( Page 186 ), 3 juin

... par ailleurs, P. , Le Calvez et Penzini sont déjà partis avec le commandant Murtin et la Deuxième Escadrille. Ils attaquent une expédition de bombardiers protégés par des chasseurs Me 109 et Me 110.

( Commentaire : le Capitaine Accart est très gravement blessé le 1er juin 1940 et son Curtiss n°151 est détruit.)

PENZINI Dominique NEUF VICTOIRES homologuées :

12 mai 40 : 3 victoires : Sedan-Bouillon + Sainte Cécile + Pourru-St- Rémy : 3 Junker 87
16 mai : Rethel Do 215
26 mai : 2 victoires : Tannay + Châtillon -sur- Bar : 2 Heinkel 111
01 juin : Neuville- sur- Meuse : Hs 126
07 juin : Châtillon-sur- Bar : Junker 88
12 juin : Dommartin : Hs 126

 

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Pendant la Campagne de France de mai-juin 1940, Penzini avait piloté le Curtiss P 36 N° 20

Article de Henri Mazier (mécanicien/chef du GC 1/5),
revue ICARE N° 145 pages 72, 73


Bien que complètement autonome (mis à part le ravitaillement en essence), le groupe de chasse 1/5 demeure malgré tout un ensemble homogène disposant encore de moyens non négligeables qui font mal à l'ennemi. Durant toute cette période, nos armuriers ne connaissent pratiquement aucun répit. Sans leurs mitrailleuses parfaitement tenues en état, nos pilotes n'auraient pu totaliser tant de victoires. Mais quel labeur pour remplacer les canons usés, régler les armes et réapprovisionner les boîtes à cartouches, courant d'un avion à l'autre les épaules chargées de lourdes bandes ! Il nous arrive parfois de « faire » de ces bandes qui se consomment si vite pour donner un coup de main à ces braves garçons encore plus à la peine que nous.
Le 12 juin, il faut hélas retraiter plus au sud. Alourdi par son camion SFR de liaisons radio, la voiture atelier de l'armurerie, les munitions, etc, l'échelon roulant a toutes les peines du monde à atteindre Saint Parres-lès-Vaudes où il doit rejoindre les avions partis ce même jour.
Au moment de ce départ se situe un incident qui mérite d'être rappelé car il confirme l'existence d'une « cinquième colonne », existence parfois encore contestée de nos jours : la gravière de Hoericourt ne constituait qu'un abri de camouflage en bordure de la piste d'un petit aérodrome avec hangar, soutes, etc. Endommagé en combat, un de nos Curtiss s'y était posé et nous avions trouvé plus pratique de le remettre en état dans le hangar voisin. L'avion, réparé en toute hâte, est à nouveau disponible le 12 juin, à 9 heures du matin.
Notre départ pour Saint Parres-lès-Vaudes doit avoir lieu vers midi. Quelques minutes plus tôt, deux de nos mécaniciens, les sergents Prélat et Velcin, s'approchent de l'avion en courant à travers un champ de blé. Arrivés à proximité de l'appareil, ils sont mis en joue par un civil qui jaillit devant eux, un pistolet-mitrailleur au poing. Toute tentative de négociation est vaine, et sous la menace, il leur faut replonger en vitesse dans le champ de blé et abandonner l'avion... Ce n'est que plus tard, quelque part dans la vallée du Rhône, que nos deux infortunés mécaniciens parviennent à rejoindre le groupe par auto-stop et nous apprennent dans quelles circonstances, pour le moins troublantes, un avion de guerre en partait état est tombé aux mains de l'ennemi.
A l'arrivée à Saint Parres-lès-Vaudes, nous trouvons le Curtiss n° 20 de Penzini et le n°55 de Rouquette sur le ventre. Un arbre mal placé a gêné les pilotes lors de la phase finale de l'atterrissage. Le terrain était aménagé comme piste de desserrement, avec soutes à essence enterrées mais... on n'avait sans doute pas trouvé de scie pour couper ce fameux arbre !
Le 13 juin à 14 heures, il y a moins de 24 heures que nous sommes à Saint Parrès-les-Vaudes, il faut poursuivre le repli cette fois en direction d'Avallon. L'échelon roulant se fractionne peu à peu en se frayant un passage à travers des routes encombrées de réfugiés affamés et hagards dont certains nous prennent à partie. J'ai la chance d'avoir conservé ma voiture personnelle mais, malgré cela et même en empruntant des routes secondaires où la circulation est encore possible, nous arrivons toujours trop tard au point de ralliement fixé pour nos avions.
A Lyon où s'opèrent des destructions afin de tenter de faire obstacle à la pénétration des blindés allemands, je prends le temps de rendre une brève visite au capitaine Accart soigné à l'hôpital Grange Blanche.